Comment être plus efficace au travail et dans toute ses activités ? Comment profiter d’un état de fluidité où tout semble facile ? Comment vivre le flow au travail ? Il existe une piste extrêmement efficace, et simple à appliquer, qui a de nombreux parallèles avec le sport de haut niveau.
Il s’agit de vous engager dans l’action en vous focalisant sur le plaisir de faire, sans chercher à atteindre un objectif. C’est se concentrer sur le processus plutôt que sur le résultat. C’est être totalement absorbé dans sa tâche. C’est ce que recherche un sportif d’élite quand il est en compétition. Ne pas penser à la victoire ou à l’échec, pour être totalement concentré dans l’exécution de son geste.
On peut s’inspirer de ce principe pour être plus efficace au travail, mais ça demande quand même une réflexion et une adaptation. Les paramètres d’une compétition sportive sont différents de ceux de la vie au bureau, il faut donc trouver comment utiliser ce principe de performance, qui s’applique à toute activité, au contexte professionnel.
Sortir de l’enjeu pour entrer dans le jeu
Dans le tennis, il y a une expression qui symbolise parfaitement cette idée de privilégier le geste à l’objectif final : « sortir de l’enjeu pour entrer dans le jeu ». Pour vraiment jouer, il ne faut pas penser à la victoire. Intéressant, non ?! Si un sportif a l’enjeu en tête, sa technique est moins précise, il n’est pas dans le bon timing, sa créativité disparaît. Et bien sûr, plus l’enjeu est grand, plus il perturbe la technique. On le voit bien lors des tirs au but en final d’un grand tournoi de football, certains joueurs ratent à cause de la pression. Ils n’auraient jamais manqué leur tir à l’entraînement, dans des conditions totalement similaires.
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Quel est le problème d’avoir l’enjeu en tête ? On pourrait se dire qu’un enjeu nous galvanise, comme un défi qui nous oblige à nous dépasser. Un léger défi nous stimule, c’est vrai. Mais le problème quand on pense au résultat, c’est que le cerveau va aussi évaluer la part d’échec. Et comme il déteste l’échec, la souffrance, il va exagérer le risque et provoquer un état de stress. C’est à cause de cet état de stress que les capacités diminuent. Donc quand on se fixe comme objectif la victoire, notre cerveau se demande immédiatement : « et si je n’y arrivais pas ? ». C’est cette question qui est à la base de tous les échecs sportifs.
Quand on oublie l’enjeu et qu’on se concentre sur le jeu, on arrive à réaliser des prouesses. On l’a bien vu durant l’Euro 2024 avec ce jeune prodige de 16 ans de l’équipe d’Espagne, Lamine Yamal. Ce qui rendait son jeu exceptionnel et si beau à voir, c’est qu’il jouait vraiment, il s’amusait, on voyait qu’il prenait du plaisir. Grâce à sa jeunesse, il n’avait pas à combler toutes les attentes du public, il n’avait pas à prouver quoi que ce soit, il ne devait pas honorer une promesse d’excellence. Il était libéré de tous les enjeux, il pouvait s’exprimer complètement et surtout s’amuser vraiment, prendre du plaisir. C’est l’essence même du jeu.
Le flow, c’est être dans “la zone”
Tous les sportifs qui ont accomplis des exploits parlent de cette déconnexion d’avec l’objectif. Ils se souviennent par contre de leurs sensations, de la fluidité qu’ils ressentaient, des éclairs de lucidité, de leur maîtrise de l’action comme si elle se déroulait au ralenti. C’est ce qu’on appelle l’état de flow, ou la zone. C’est l’état de performance recherché par les compétiteurs, c’est le graal du sportif, une quête qui n’aboutit malheureusement pas souvent.
A partir de cet exemple du sport, on peut valider l’idée qu’il faut oublier l’objectif pour se concentrer sur la réalisation de la tâche. La question, c’est comment faire, comment s’inspirer de ce principe de performance sportive pour être plus efficace au travail, moins dépenser d’énergie et diminuer le stress. On aurait tendance à se dire : « Je ne peux pas oublier mon objectif, mon chef est là pour me le rappeler ». Ou : « On doit tenir nos délais, on ne peut pas oublier cet objectif qui est d’atteindre un résultat à telle date ». C’est vrai, les objectifs sont toujours là.
Mais c’est pareil dans le sport, il y a toujours un résultat à atteindre, une médaille à remporter ou un record à battre. Dans le coaching sportif, on développe l’esprit pour qu’il reste concentré sur l’objectif. L’objectif est donc essentiel, on ne peut pas s’en passer. Mais l’objectif de ce travail est d’entretenir la confiance et la motivation sur le moyen terme. Au moment de la compétition, on oublie de gagner pour pouvoir se concentrer sur le jeu.
On peut appliquer le même principe pour les objectifs professionnels. On travaille sur la confiance d’atteindre nos objectifs annuels ou semestriels, mais quand on réalise les tâches qui nous permettent de les atteindre, on se concentre sur l’action.
Comment oublier l’objectif ?
Concrètement, comment on fait ? Habituellement, quand on travaille sur quelque chose, on veut le terminer. On se fixe un objectif. On passe d’une tâche à l’autre, avec chaque fois l’intention de la terminer pour passer à la suivante, pour vite la terminer pour terminer la suivante, et ainsi de suite. La journée se transforme en course de saut à obstacles, on est en mode sprint du matin jusqu’au soir.
Et au début de chaque tâche, le cerveau se demande « et si je n’y arrivais pas ? » Il devient donc réactif à toute perturbation ou frein. Si on vous dérange, votre cerveau l’interprète comme un danger et déclenche un léger stress. Vous êtes agacé, ça provoque une émotion négative et vous ruminez ensuite sur l’interruption et ne pouvez pas vous reconcentrer. Votre efficacité diminue. Si les interruptions se répètent, vous vivez un stress constant, toujours en retard avec la crainte de ne pas arriver à tout faire. Vous perdez beaucoup d’énergie et vivez des journées très inconfortables.
Ce fonctionnement par objectif se retrouve dans tout ce qu’on fait. Trop d’attente au supermarché nous stresse, car l’objectif est d’avoir fait ses courses, et non pas de faire ses courses. En voiture, chaque ralentissement vous énerve car votre objectif est d’arriver à destination, et non pas de conduire pendant une heure. Quand vous travaillez sur un dossier, vous voulez le terminer, c’est pourquoi vous résistez aux interruptions.
Penser processus plutôt que résultat
C’est un fonctionnement normal, mais pas optimal pour préserver son énergie et être plus efficace. Pour changer ce fonctionnement, vous devez changer votre façon de vous engager dans l’action. Plutôt que de vous dire « maintenant je termine cette tâche », dites-vous plutôt « pendant une heure, je travaille sur cette tâche». Quand vous prenez votre véhicule, dites-vous « Pendant une heure je conduis » plutôt que « je veux arriver là ». Quand vous répondez à vos mails, dites-vous « pendant une heure je réponds à mes mails » et non pas « je termine de traiter tous mes mails ».
En termes d’efficacité, les bénéfices sont énormes. Vous échappez au stress. Vous êtes plus concentré. Vous avez plus d’idée. Vous êtes moins perturbé par tous les éléments parasites, comme les interruptions ou le bruit. Vous vous adaptez plus facilement au contexte et aux changements. Vous êtes plus concentré dans le présent. Le temps passe plus vite. Vous préservez votre énergie. Vous faites moins d’erreurs. Tous ces bénéfices vont décupler votre efficacité.
Il est important d’avoir des objectifs. Mais il est tout aussi important de les oublier quand on s’engage dans l’action. Ce n’est pas un paradoxe, c’est juste une différence de temporalité.
© Denis Inkei, Mind Center
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