J’ai observé durant mes formations que de nombreux managers et responsables d’entreprises ont le syndrome de l’excellence, un besoin de performer directement lié à l’estime de soi. Encouragés à exceller à l’école, ils font de bonnes études, et enchaînent les succès professionnels. Ces victimes du syndrome de l’excellence ont un commun un profond doute sur leurs capacités et la nécessité d’être reconnu pour leur succès.
Camille a été élevée par un père exigeant et autoritaire qui critique plus qu’il ne félicite. En quête de reconnaissance, elle accumule les heures supplémentaires, ne délègue pas, vérifie à nouveau et ne pense qu’à son travail. Malgré ses succès et une brillante carrière d’une vingtaine d’années, elle est confrontée aux mêmes doutes à chaque nouveau projet. Elle vit une profonde anxiété et se surinvestit dans le travail, ce qui la mène au bord de l’épuisement.
La peur de l’erreur
Pour les sujets au syndrome de l’excellence, le succès est comme une lanterne qui n’éclaire que le chemin parcouru. Chaque tâche bien remplie soulage Camille, mais ne la rassure pas sur la tâche future. Je lui propose de revenir sur ses succès passés et de les projeter dans le futur. Ainsi, la lanterne éclaire le chemin à parcourir. C’est en soulignant les succès passés qu’on augmente la confiance en ses capacités.
L’angoisse de Camille, c’est de commettre une erreur. Comme elle associe depuis l’enfance la perfection au droit d’être aimée, elle pense inconsciemment qu’elle sera rejetée si elle fait une erreur. Le stress provoqué par cette croyance perturbe les capacités cognitives, une source … d’erreurs. C’est la contradiction : la peur de faire des erreurs pousse à en commettre.
Desserrer les freins
L’erreur doit permettre de s’améliorer. En les acceptant pour mieux les corriger, comme pour l’apprentissage d’un sport. L’esprit peut être entraîné à se focaliser sur les réalisations et capacités positives pour stimuler la confiance, le vrai moteur de l’engagement. Il est nécessaire de se libérer de l’angoisse de l’erreur en changeant de perspective :
1) il est possible d’être aimé sans être parfait ;
2) l’erreur n’est pas une faute ;
3) seuls ceux qui ne s’engagent pas ne font pas d’erreur ;
4) pour une erreur, combien de réussites ?
5) Il est fort probable que nous soyons les seuls à voir ces « non-perfections ».
Pour rester concentré sur un objectif, il faut activer les ressources en identifiant les capacités à disposition. Il est aussi important de desserrer les freins inconscients, comme la crainte de l’échec et le manque de confiance.
Le lien qui unit anxiété et réussite doit être rompu. Camille est sûre que c’est la peur de l’échec qui a permis les nombreuses heures de travail et favorisé sa réussite. En réalité, elle n’a pas réussi grâce à la pression, mais malgré celle-ci. C’est en utilisant ses capacités et en activant ses savoirs qu’elle a réussi tout ce qu’elle a entrepris, et non grâce à la peur. Les compétences existent, diminuer le besoin de perfection permet d’y avoir pleinement accès. Et se rapprocher de l’excellence…
© Denis Inkei