Une des caractéristiques que partagent ceux qui vivent un stress chronique, c’est le trop-plein de ruminations. Ils pensent au travail même le weekend, souffrent d’un mental incontrôlable et s’épuisent à force d’idées noires.
Pourtant, quand on cherche à être performant, la capacité de contrôler son mental est essentielle. La concentration permet de sélectionner parmi les multiples stimuli reçus en permanence ceux qui nous permettent de nous diriger vers notre objectif. Résister aux distractions pour rester focalisé sur son objectif.
Les pensées sont matérielles
Les pensées influencent la biologie et notre capacité d’action. 50’000 traversent chaque jours notre esprit, la moitié sont non contrôlées. Quand elles sont « négatives » et génèrent des émotions désagréables, la qualité de vie diminue et on perd de l’énergie. Les ruminations, ces pensées « lourdes », nous fatiguent et impacte la « tonalité affective » de notre vie, on devient insatisfait ou malheureux.
Les pensées négatives dirigées contre soi, comme les manques de confiance et les culpabilités, diminuent notre potentiel de réalisation. Si on doute de pouvoir y arriver, le cerveau reçoit en réalité l’instruction de diminuer nos capacités. «Penser, c’est donner un ordre !» A trop multiplier les autocritiques, la confiance et l’estime baissent.
La psychologie a lié pensées et qualité de vie. Le « ratio de Losada » (c’est le nom du psychologue qui l’a modélisé) montre qu’à partir de trois pensées « positives » contre une « négative », nous sommes dans une zone de réalisation et de satisfaction. Quand ce ratio est d’un, la santé peut être affectée. Réduire le stress et les pensées négatives, c’est agir pour un meilleur ratio de Losada.
Agir sur le cerveau
La focalisation de l’esprit est une capacité qui peut être entraînée. Tout commence par prendre l’habitude de « penser ses pensées », en portant régulièrement son attention sur ce qui tourne dans notre tête. Si on observe une pensée désagréable, on peut choisir de l’arrêter.
Les neurosciences parlent des pensées «ascendantes» (non contrôlées et influencées par les émotions) et de pensées «descendantes» (issues du lobe préfrontale, siège de l’attention). En stoppant les pensées ascendantes par des pensées descendantes, on transforme les réseaux de neurones et on regagne le contrôle du mental.
A peine 14 secondes
La pensée est un processus linéaire. Quand on remplace volontairement une pensée par une autre (un joli paysage, une focalisation sur les sens ou ce qui nous entoure, une pensée positive…), l’esprit s’engage sur un autre chemin. Selon une étude publiée dans « Nature Human Behavior », se rappeler un bon souvenir ou imaginer un paysage heureux pendant 14 secondes fait sortir du stress et change l’émotion. Pour stopper un mental furieux, il est également possible de se concentrer sur son corps ou sa respiration, et d’en corriger leur fonctionnement vers un état de calme.
On peut en tout temps travailler sur l’esprit, il est toujours à notre portée. Plus on est conscient de ses pensées, plus il est facile de corriger son fonctionnement mental, comme interrompre des ruminations, invalider les autocritiques, les doutes ou les anxiétés. Petit à petit, un automatisme d’attention délibérée à soi va se créer, ce sera ensuite de plus en plus facile de se focaliser sur des sujets positifs. Comme le dit Lewis Caroll, « s’il est impossible de ne pas penser à quelque chose, il reste encore possible de penser à autre chose ».
© Denis Inkei